NENA WORETH
nenaworeth@gmail.com

L’unique trait de pinceau


[...] Par le moyen de l’Unique Trait de Pinceau, l’homme peut restituer en miniature une entité plus grande sans rien en perdre : du moment que l’esprit s’en forme d’abord une vision claire, le pinceau ira jusqu’à la racine des choses.

L’encre, en imprégnant le pinceau, doit le doter d’aisance; le pinceau, en utilisant l’encre, doit la douer d’esprit. L’aisance de l’encre est une question de formation technique; l’esprit du pinceau est une question de vie.

Au milieu de l’océan de l’encre, il faut établir fermement l’esprit; À la pointe du pinceau, que s’affirme et surgisse la vie ; Sur la surface de la peinture s’opère une complète métamorphose; Au milieu du chaos s’installe et jaillit la lumière !








À ce point, quand bien même le pinceau, l’encre, la peinture, tout s’abolirait, le Moi subsisterait encore, existant par lui-même. Car c’est moi qui m’exprime au moyen de l’encre, et non l’encre qui est expressive par elle-même ; c’est moi qui trace au moyen du pinceau, et non le pinceau qui trace de lui-même. J’accouche de ma création, ce n’est pas elle qui pourrait accoucher d’elle- même.

À partir de l’Un, l’innombrable se divise; à partir de l’innombrable l’Un se conquiert. La métamorphose de l’Un produit Yin et Yang – et voilà que toutes les virtualités du monde se trouvent accomplies.

Shitao, vers 1710